PME : comment rater sa transformation numérique à tous les coups ?

Penser à la transformation numérique de son entreprise, c’est (re)définir sa stratégie au regard des nouvelles possibilités qu’offre le numérique pour son organisation, ses clients, ses partenaires dans le but de développer – et pérenniser - son entreprise. Cela recouvre donc des problématiques très larges, transversales et stratégiques. La transformation numérique touche à l’ADN de chaque entreprise qui par essence doit être unique ou du moins singulière (le « Why » de son business comme disent les anglo-saxons). Néanmoins, les erreurs sont toujours ou presque les mêmes. En voici quelques-unes puisées directement dans mon expérience personnelle…

1.Prendre un stagiaire pour faire avancer les projets

« Un projet numérique = réseaux sociaux ou internet = jeunes ». Les PME savent que la transformation numérique est stratégique. Or il n’est pas rare que de tels projets soient confiés à des stagiaires. Bien entendu, le stagiaire ne se voit pas confier les aspects stratégiques du projet mais le recueil des besoins des utilisateurs, la définition des fonctionnalités attendues, la recherche des prestataires ou outils, la formation auprès des équipes, etc… Or réussir un projet nécessite la maîtrise de l’ensemble de la vie du projet : audit, développement, déploiement. Négliger un aspect de la vie du projet est un facteur clé d’échec !

2.OU Donner le bébé à son informaticien

« Un projet numérique = informatique = technologie ». Les DSI ou plus simplement dans les PME les informaticiens maison sont souvent mis à contribution dans de tels projets. On comprend bien que le site internet ou la stratégie de social selling ne revient pas forcément au service informatique mais combien de projets CRM, ERP et autres outils métier se retrouvent sous la responsabilité de l’informatique ? Or un projet numérique c’est avant tout un projet d’organisation, un projet métier qui s’appuie certes sur de la technologie (de l’infrastructure et de l’applicatif) mais qui reste au service du business. Pour définir les fonctionnalités nécessaires, il faut comprendre le métier de l’entreprise, ce qui en fait sa spécificité, sa valeur. Négliger cet aspect c’est l’assurance de mettre en place des outils inadaptés aux besoins des utilisateurs métier.

3.Choisir la dernière techno à la mode

Dans le flot d’information continu auquel nous sommes soumis il est difficile de savoir quels projets engagés en priorité. Se laisser mener par les technologies ou les prestataires du moment est donc dangereux. Il est impératif de conserver une vue globale de la transformation de son entreprise et de casser les silos. Aujourd’hui le dernier outil de marketing automation, demain un projet de business intelligence, après-demain une application mobile, etc…. Ne pas avoir pris le temps de définir son objectif stratégique, sa feuille de route est le meilleur moyen de décourager tout le monde car la mise en place et la prise en main d’outils sont souvent fastidieuses – et coûteuses en temps humain.

4.Se lancer dare dare dans la création d’un site internet et passer une journée à parler des photos qui sont belles (ou pas) de la couleur (qui va ou pas) du logo, etc…

"L'absurde absolu pour un humain, c'est de se trouver vivant sans raison de vivre." 

Citation de l'abbé Pierre

 

Et oui le marketing peut pour certain se résumer à c’est beau ou c’est pas beau. Passer trop de temps sur la forme de son site est la meilleure façon de passer à côté des questions essentielles : à qui ce site s’adresse-t-il ? à quoi va-t-il servir ? de quoi va-t-on parler ? comment va-t-on en parler (ton éditorial) ? Autant de questions de stratégie à se poser.

 

5.Pourquoi changer, cela a toujours marché ainsi...

« Je ne veux pas donner trop d’informations sur mon site car mes concurrents s’en serviront… Mes clients peuvent toujours nous appeler ! ». Le parcours d’achat de vos clients n’est plus linéaire et uniforme. Ce qu’ils acceptaient de faire hier (vous appeler, par exemple), ils ne l’accepteront plus forcément demain et privilégierons les concurrents qui leur donneront le choix : en ligne, sur mobile, par téléphone, sur point de vente, etc… Le service marketing doit travailler l’ensemble des points de contact utilisés par les clients. 

6.Signer avec son prestataire sans avoir au préalable border les fonctionnalités minimum attendues

La relation avec son prestataire informatique peut potentiellement être un vrai catalyseur d’échec. Vous n’avez pas défini ce que vous en attendiez précisément, mais vous faites confiance à leur chef de projet pour vous conseiller. Le prestataire ne connait pas votre métier, votre organisation, votre vocabulaire. Le budget initial peut alors gonfler ou vous vous retrouvez avec un outil inadapté à vos besoins. On ne vous y reprendra pas deux fois ! Vous avez perdu de l’argent du temps et vous n’aurez plus envie de vous lancer dans des projets numériques !

 

"L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui !"

Citation de Pierre Desproges

7.Ne pas désigner de chef de projet en interne et ne pas s'entourer

Le manque de ressources pour faire avancer les projets est souvent le point de blocage numéro 1 : que ce soit en amont pour la rédaction du cahier des charges ou pendant la phase de développement. Si un rythme minimum n’est pas maintenu tout le monde baisse les bras en interne mais également chez le prestataire. Un projet doit sans cesse être promu, être remis au centre des préoccupations sinon le travail quotidien prend toujours le dessus. Le time to market est important. Ne pas désigner de chef de projet ou le mauvais profil de chef de projet (stagiaire ou informaticien) vous assurera un échec parfait.

8.Ne pas avoir défini ce qui déterminera ou non le succès du projet

Selon une enquête menée par BPI France en septembre 2017, 45 % des patrons de PME/ ETI n’ont toujours pas de vision de la transformation digitale de leur entreprise. Parmi ceux qui en ont une, 63 % n’ont pas ou partiellement établi de feuille de route. Sans objectifs et moyens clairement définis, la transformation digitale échouera. Toute stratégie doit donnée lieu à la définition de ce qui en fait le succès. Des indicateurs doivent être déterminés en amont ainsi que la ou les personne(s) chargée(s) de les récolter et à quelle fréquence. Ces indicateurs doivent être simple, rapide à comprendre et à récupérer.

 

"Il est beaucoup plus intelligent de dire des choses absurdes que d'en écouter."

Citation d'Oscar Wilde

En conclusion

La transformation numérique ce n'est ni de la technologie, ni une question d'esthétique, ni une question de nombre de likes ou de followers.., La transformation numérique, c'est un nouvel état d'esprit qui incitent les chefs d'entreprise à repenser le positionnement de leur entreprise, à redéfinir la relation avec leurs clients et leurs fournisseurs, à renforcer le capital humain que constituent les collaborateurs. Les outils numériques servent l'entreprise à mettre en oeuvre cette nouvelle vision.